La Cour de Justice de l'Union Européenne remet en cause la redevance pour copie privée

Arrêt du 21 octobre 2010,
Troisième Chambre Padawan SL c/ Sociedad General de Autores y Editores de España (SGAE)



Le principe :

Le principe de la rémunération pour copie privée a pour objectif de rémunérer les auteurs, producteurs, éditeurs et interprètes lorsqu'une personne effectue la copie d'une œuvre à titre privé sur un support d'enregistrement (CD, disque dur, clef USB…).

Ne pouvant obtenir de l'auteur l'autorisation préalable de cette forme d'exploitation, plusieurs pays européens en application de la Directive 2001/29 ont mis en place une rémunération équitable qui compense le préjudice subi par le titulaire du droit d'auteur en fixant une taxe sur les supports susceptibles d'enregistrer d'une œuvre.


La question posée à la Cour européenne de Justice :

La question qui s'est posée à la Cour Européenne de Justice dans le cadre d'un litige mettant en cause le système espagnol est la suivante :

Peut-on exiger le paiement d'une taxe sur tous les supports de sauvegarde sans savoir s'ils seront destinés à une copie réalisée à titre privé?


La décision de la Cour :

Dans son arrêt du 21 octobre 2010, la Cour a d'abord rappelé que la compensation équitable doit être regardée comme la contrepartie d'un préjudice subi par l'auteur.

Elle nous dit : "L'exception de copie privée doit pouvoir comporter un système " destiné à dédommager les titulaires de droits du préjudice résultant pour l'auteur de la reproduction de son œuvre protégée effectuée sans son autorisation pour un usage privé."

En application de la Directive 2001/29, la Cour observe en outre qu'un "juste équilibre" doit être maintenu entre les titulaires des droits et les utilisateurs des supports.

Ainsi, elle considère que la réalisation d'une copie par une personne physique agissant à titre privé doit être considérée comme un acte de nature à engendrer un préjudice pour l'auteur de l'œuvre concernée.

Un lien est donc nécessaire entre l'application de la redevance pour copie privée à l'égard desdits équipements, appareils et supports de reproduction numérique et l'usage de ces derniers à des fins de reproduction privée.

Mais elle constate que ce juste équilibre n'est respecté que dans la mesure où la rémunération équitable est requise sur les équipements, appareils et supports de reproduction susceptibles d'être utilisés à des fins de copie privée.

Par conséquent, l'application sans distinction de la redevance pour copie privée à l'égard de tous les types d'équipements, d'appareils et de supports de reproduction numérique, y compris dans l'hypothèse, où ceux-ci sont acquis par des personnes autres que des personnes physiques, n'est pas conforme à la Directive.


Conclusion :

Sans aucun doute, cette décision ne vient pas apaiser l'inquiétude actuelle liée au développement du numérique et la crainte de la multiplication des œuvres copiées sans contrepartie financière.



Le 27 octobre 2010



<< Retour au sommaire des éditos

www.sivan-avocats.com
Droit d'auteur - Droit numérique - Droit de l'édition - Droit des marques- Droit des médias- Droit de l'internet et des nouvelles technologies- Avocat CIL
édité par le cabinet d'avocat Isabelle Sivan,
 7, rue Ernest Cresson, 75014 PARIS - Tel : 06 43 73 23 51
NºSIRET 512 645 383 00021
Site hébergé par AMEN SASU
12-14, Rond Point des Champs Elysées
75008 Paris
RCS Paris : 421 527 797 000 11