SAIF/
GOOGLE
Arrêt du 26 janvier 2011
La
loi applicable
Responsabilité d'un moteur de recherche
La
SAIF (Société des Auteurs des Arts Visuels et de l'Image
Fixe) estimait que l'affichage dans les pages de résultats de
Google Images de plusieurs vignettes représentant des œuvres
de son répertoire constituait une contrefaçon.
La
SAIF considèrait en effet que le moteur de recherche ne se contentait
pas d'afficher l'url de l'image mais reproduisait chaque image sous
forme de « vignettes » et proposait une exploitation
autonome de l'image en permettant sa reproduction et sa communication
au public sans l'autorisation préalable de l'auteur.
La
prestation de Google Images excédait ainsi la prestation d'un
simple moteur de recherche et relevait d'activités de fournisseurs
de contenus ou d'éditeur, susceptibles d'engager la responsabilité
du moteur de recherche.
La
SAIF assignait donc Google Inc et Google France.
Quelle
est la loi applicable ?
1.
Le jugement du TGI de Paris du 20 mai 2008
Dans
un premier temps, le 20 mai 2008, le TGI de Paris a rejeté cette
demande à l'encontre de la filiale française de Google,
en s'appuyant sur les dispositions du Copyright Act de 1976.
L'activité
du moteur de recherche étant gérée aux Etats-Unis,
cette localisation avait permis à Google d'invoquer la législation
américaine.
L'article 5.2 de la convention de Berne dispose en effet que la loi
applicable est celle « du pays où la protection est
réclamée ».
Pour
Google, la loi applicable s'entend de celle du lieu où ont été
commis les agissements litigieux à savoir les Etats-Unis.
Les juges ont suivi l'argument de Google et se sont fondés sur
deux décisions de la Cour de cassation, l'arrêt Sisro du
5 mars 2002 et l'arrêt Lamore du 30 janvier 2007, pour en déduire
que la loi du pays où la protection était demandée
était celle du pays du fait générateur, à
savoir, en l'espèce, les Etats-Unis.
2.
Le jugement du TGI de Paris du 18 décembre 2009
Dans
un jugement du 18 décembre 2009 opposant Les Editions de la Martinière
à Google, le TGI de Paris n'a pas suivi ce raisonnement.
Il
rappelle que la loi applicable en la matière est celle de l'Etat
du lieu où le fait dommageable s'est produit.
En l'espèce, le Tribunal a considéré que le litige
concernait des œuvres
d'auteurs français numérisées pour être accessibles
par extraits aux internautes français sur le territoire national
et que, par ailleurs, les sociétés demanderesses étaient
établies en France.
3.
L'arrêt de la Cour d'Appel de Paris du 26 janvier 2011
C'est
cet argument qu'a repris le 26 janvier 2011 la Cour d'Appel de Paris
pour appliquer la loi française et apprécier le litige
qui opposait la SAIF et Google considérant que le pays de réception
constitue un lien de proximité manifestement plus pertinent que
celui de faits générateurs.
La
responsabilité du moteur de recherche
Cependant
cette interprétation et l'application de la loi française
n'a pas permis de donner gain de cause à la SAIF. La Cour a en
effet considéré que l'analyse du fonctionnement des services
de moteur de recherche, et d'indexation d'images par Google Images,
ne permettait pas de retenir la responsabilité de Google au regard
de la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique
(LCEN) et des limitations de responsabilité qu'elle prévoit,
du fait du caractère neutre de ce référencement
et de l'absence d'un rôle actif dans la mise en page et l'affichage
des résultats.

Dessin
: Prosper
Le
2 février 2011
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